Des friandises inventées par accident par un confiseur romain qui aurait laissé tomber une amande dans une amphore de miel ? C'est l'une des hypothèses sur l’origine des dragées.
Aussi jolies que délicieuses, les dragées tirent leur nom du grec ancien « tragema » signifiant friandise ou dessert.
La qualité de ces bonbons, traditionnellement garnis d'une amende, repose pour beaucoup sur la graine (l'Avola italienne étant la plus prestigieuse) et la finesse du sucre qui l'entoure.
Son aspect, simple et élégant, a certainement contribué à faire de la dragée une friandise incontournable pour les mariages, les communions, les baptêmes et autres célébrations.
La dragée, ses origines et les coutumes associées sont entourées de mystères et de légendes.
Avec son patronyme évocateur, Julius Dragatus se voit souvent attribuer la création de la première dragée. Nous sommes alors en 170 av. J.-C. dans le local du confiseur romain. Ce dernier aurait malencontreusement fait tomber une amande dans un pot de miel. Séduit par le résultat, il aurait servi ces dragées à l'occasion d’une célébration qui aura fait leur succès.
Ce qui est certain, c’est qu’au XIIIe siècle un apothicaire français invente une authentique dragée alors qu’il cherche à faciliter le transport et la conservation des graines. Pour ce faire, il va les enrober de miel (à la manière de Julius Dragatus) et de sucre durcis par la cuisson. La recette est simple, mais les apothicaires sont alors les seuls à pouvoir commercialiser du sucre. Dans les ateliers de Verdun, le rapport miel/sucre bascule. L’Or blanc, massivement importé du Moyen-Orient, finit par remplacer complètement le miel. Nous tenons la recette traditionnelle des dragées.
Les dragées de Verdun renferment à l'origine des graines d’anis vert. Cet ingrédient est jusqu'à aujourd'hui réputé pour ses bienfaits digestifs. Au Moyen-Âge, ces graines sont aussi consommées pour favoriser la fertilité. Les femmes enceintes en prennent pour s’assurer de mener leur grossesse à terme. Ces propriétés supposées expliquent pourquoi les dragées sont offertes à l’occasion des mariages.
La dragée sera ensuite introduite à Constantinople et jusqu’en Russie. Les petits bonbons faciles à transporter sont offerts aux membres d'illustres familles. Un autre mythe gastronomique voudrait que les Médicis aient introduit cette graine sucrée dans les plus grandes Cours d’Europe.
Henri III en aurait reçu à l’occasion de son sacre et Henri IV en aurait consommé à l'occasion d’une étape à Verdun. La disposition des drageoirs dans les chambres sera développée à la Cour de Louis XIV, quand les dragées étaient aussi appelées « épices de chambre ».
L'aspect lisse de la dragée moderne se dessine au XVIIIe siècle avec le confiseur parisien, Pecquet. Grâce à un mode de préparation millimétré à l'usage du sirop de sucre, il parvient à obtenir une surface parfaitement uniforme. Il devient le fournisseur officiel de la Cour, tant et si bien que Paris est un temps la capitale de la dragée au détriment de Verdun.
Si on comprend bien pourquoi avoir des dragées aux mariages, le lien avec les baptêmes et les communions est moins évident. Cette tradition est un mélange de symboles mythologiques et religieux. L’amande représente la fertilité, mais aussi l’amour éternel. Dans les mythes de la Grèce antique, la princesse Phyllis, tuée par le chagrin, se change en amandier. La forme de la graine est aussi celle de la mandorle obtenue par l'intersection de deux cercles, l’un terrestre et l'autre céleste. Autrement dit, l'amande symbolise le passage entre deux mondes.
Aujourd'hui, les dragées restent d'usage pour célébrer les unions et les différents événements festifs et très officiels de la vie.
Elles sont traditionnellement réparties dans des ballotins distribués aux convives ou placées dans de grandes bonbonnières pour que les plus gourmands se servent sans complexe ;)
La dragée demeure à ces occasions un symbole d'abondance et de fertilité, de générosité, mais aussi de convivialité.
check_circle
check_circle
Ça vous a plu ? Laissez un commentaire